1943 : l’année du choix pour les diplomates
Trois autorités, trois ministres, trois réseaux
Moment sans précédent pour la diplomatie française (et peut-être unique dans l’histoire de la diplomatie mondiale) : pendant les cinq premiers mois de 1943, les diplomates français pouvaient choisir entre trois autorités - toutes trois affirmant représenter la France - et entre trois chefs d’un réseau diplomatique, trois ministres aux objectifs contradictoires :
- À Vichy, un régime présidé par le maréchal Pétain et un gouvernement dirigé par Pierre Laval, également ministre des Affaires étrangères, dans un pays entièrement occupé depuis novembre 1942 par les armées allemande et italienne ;
- À Alger, un « commandement civil et militaire » installé sous la protection de l’armée américaine (qui occupe, avec ses alliés britanniques, le Maroc et l’Algérie) et dirigé par le général Giraud, haut-commissaire qui a remplacé en décembre 1942 l’amiral Darlan, lequel affirmait agir « au nom du Maréchal, empêché » ;
- À Londres, un Comité national français (CNF) qui, à la tête de la France combattante, s’appuie sur un réseau international largement constitué des Comités France Libre créés dans le monde après l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940.
Représentations diplomatiques de l’État français en octobre 1942 avant le débarquement américano-britannique en Afrique du Nord / Pôle géographique de la direction des Archives du ministère des Affaires étrangères (2024)
Les deux derniers réseaux, celui de Giraud et celui du général de Gaulle, vont se rapprocher puis fusionner à partir de juin 1943 et la création à Alger du Comité français de la libération nationale (CFLN). René Massigli conserve dans le nouveau Comité les fonctions de commissaire aux Affaires étrangères qu’il occupait à Londres dans le CNF. Cette fusion ne se fera pas sans douleur : elle contraint à associer des gaullistes de la première heure avec des fonctionnaires servant auparavant le régime de Vichy qu’ils considéraient comme légal - et dont certains, en contact avec Londres, étaient demeurés en poste à la demande du CNF -, ainsi que des diplomates de Vichy qui s’étaient ralliés par simple opportunisme à Darlan puis à Giraud. Quant au réseau dirigé par Laval, il voit ses effectifs fondre de façon éloquente au long de l’année 1943, ne conservant que les partisans idéologiques de Vichy et les quelques diplomates contraints, par leur affectation géographique dans un pays de l’Axe, à demeurer en poste.
Pays ayant reconnu le Comité français de libération nationale le 31 décembre 1943 / Pôle géographique de la direction des Archives du ministère des Affaires étrangères (2024)
Un tour du monde pour couvrir une réalité complexe
1943. L’année du choix pour les diplomates décrit cette évolution, en s’appuyant principalement sur les archives du ministère des Affaires étrangères. Co-édité par les Archives diplomatiques, l’École nationale des chartes et le Comité des travaux historiques et scientifiques, le livre s’attache à montrer ce que chacun de ces « chefs de poste » a fait ou a écrit, au long de cette année qui voit le cours de la guerre basculer, et les raisons qui l’ont conduit au choix qu’il a été obligé de faire. Il aborde aussi les évolutions politiques intérieures des pays où ce diplomate se trouve affecté, puisque le contexte local a pu souvent peser dans chacun de ces choix.
Cet ouvrage souhaite contribuer à mettre en lumière la richesse et la diversité des archives diplomatiques, dont certaines n’ont pas encore été exploitées. Il éclaire la complexité et l’hétérogénéité des évolutions individuelles des fonctionnaires français dans un contexte aussi dramatique. Il s’adresse d’abord aux chercheurs et aux historiens, mais aussi plus largement à tous ceux qui s’intéressent à cette époque, et qui s’interrogent sur ce qu’a été ou aurait dû être le comportement des hauts fonctionnaires français. Tous ceux qui avaient reculé l’heure du choix se sont trouvés en 1943 face à un nœud gordien, à un moment de leur carrière qui rendaient toute hésitation inconcevable.
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