Bulletins de presse étrangère

À la fin octobre 1915, Aristide Briand revient au gouvernement comme Président du Conseil. Il détient le portefeuille des Affaires étrangères. Philippe Berthelot, nouveau directeur du cabinet, est soucieux de subordonner au ministère des Affaires étrangères tous les services d'action à l'étranger. Il  prépare, à l'hiver 1915, une organisation d'ensemble des services d'information et de propagande en tentant de coordonner les services privés et les services rattachés à d'autres ministères, comme celui de la Guerre. La Maison de la Presse est née. Elle commence à fonctionner au début de 1916. Une brochure, datée de 1916, destinée à un usage interne, définit avec précision le fonctionnement de ce nouvel organisme. Service annexe du cabinet du Ministre, la Maison de la Presse se compose de quatre sections :

  • la section diplomatique
  • la section militaire
  • la section de propagande
  • la section de traduction et d'analyse de la presse étrangère

Cette dernière a pour homologue au ministère de la Guerre le Bureau de recherche de renseignement et d’études de la presse étrangère (BEPE), constitué en février 1915. Rattaché d'abord au 5e puis au 2e bureau de l'État-major des Armées, il a pour fonction de renseigner le Commandement, l’État-major et le ministère de la Guerre. Il est composé essentiellement d'universitaires mobilisés, soit au total une cinquantaine de traducteurs passant au peigne fin la vie politique des pays étrangers, les activités des partis, des gouvernements, des parlements, l’état de l’opinion publique ainsi que les points d'actualité : crises politiques, troubles, questions sociales, approvisionnement, etc. Le BEPE et la section de traduction et d'analyse de la presse étrangère collaborent et assurent le dépouillement de près de quatre cents organes d'Europe, d'Amérique et d'Asie dont ils publient des synthèses à partir de mars 1916. Le BEPE est rattaché au ministère des Affaires étrangères le 1er février 1919.

Le Bulletin quotidien de presse étrangère est tiré à 500 exemplaires environ. Il est à usage confidentiel des ministères et aide indirectement à la propagande en identifiant les informations à réfuter ou celles susceptibles d'alimenter la presse française. Parallèlement, pour pallier son caractère fragmentaire, plusieurs séries de bulletins périodiques sont lancées, consacrées à autant de pays ou groupes de pays dont la presse est dépouillée. Enfin, à compter de février 1918, une nouvelle publication, le Recueil de documents étrangers (supplément périodique aux bulletins de presse étrangère), rassemble les traductions intégrales d'une série de documents officiels considérés comme particulièrement importants (discours politiques, textes législatifs ou diplomatiques). Pendant quelques mois en 1940, puis à partir de 1946, les titres dont la parution est maintenue sont publiés par la présidence du Conseil.