Des langues orientales aux caractères bien européens

Constantin-François Chassebœuf de La Giraudais, comte Volney (1757-1820), est l’auteur d’ouvrages sur l’histoire des langues et des civilisations mais également de livres pratiques pour l’apprentissage des langues du Proche-Orient.


En 1783, il décide (à moins qu’il ne s’agisse d’une mission officieuse qui lui est confiée par Vergennes pour évaluer l’état de l’Empire ottoman) d’un voyage qui lui prendra deux ans et d’où il rapportera son ouvrage Voyage en Syrie et en Égypte. Grand succès lors de sa parution en 1787, il sera très vite traduit dans plusieurs langues européennes. Venture de Paradis, qui a séjourné six ans à Constantinople au service de Vergennes, fait partie des nombreuses personnes que Volney a rencontrées et qui lui ont fourni des informations pour la rédaction de son texte.

1
/
2
  • Voyage en Syrie et en Égypte par Volney

    Voyage en Syrie et en Égypte pendant les années 1783, 1784 et 1785 / C.-F. Volney

    Paris : Desenne-Vollard, 1787

En 1794, Volney est attaché à la commission des Affaires extérieures, en charge de la correspondance avec l’Empire ottoman et du recrutement des interprètes. Face au faible nombre de drogmans, il cherche à développer l’étude des langues orientales et, pour ce faire, invente la translittération (« l’écriture des langues orientales par l’intermédiaire de l’alphabet latin »).


Son ouvrage Simplification des langues orientales, ou méthode nouvelle et facile d’apprendre les langues arabe, persane et turque, avec des caractères européens, rédigé avec les conseils de Venture de Paradis, parait en 1795 et sera une référence jusqu’à la parution de la Grammaire arabe de Silvestre de Sacy en 1810.


La Simplification des langues orientales s’ouvre par un discours préliminaire de Volney dans lequel il explique le pourquoi de son œuvre : « c’est parce que nous n’entendons pas les langues de l’Asie, que depuis dix siècles nous fréquentons cette partie du monde sans la connaître : c’est parce que nos ambassadeurs et nos consuls n’y parlent que par interprètes, qu’ils y vivent toujours étrangers et n’y peuvent étendre nos relations ni protéger nos intérêts ». Dès lors, le but de Volney est clair : « faciliter les langues orientales […] les rendre accessibles, presque populaires, en les ramenant à la condition des langues d’Europe dont elles ne différent point essentiellement ». Et comme selon lui le principal obstacle à leur apprentissage est leur alphabet : « il faut abroger ce système et lui en substituer un plus simple et plus parfait ». Ce sera la translittération que Volney présente comme une transposition musicale.

Voir aussi