Des femmes qui n’ont pas froid aux yeux !

On connaît Ella Maillart, Isabelle Eberhardt, Lady Stanhope mais bien d’autres femmes ont parcouru le monde, bravé les dangers et relaté leurs aventures dans des zones reculées. Dans leurs récits, elles ont collecté moult données sur les pays qu’elles traversaient, leurs institutions, leurs modes de vie, leurs croyances. Autant d’informations devenues de précieux documents pour la connaissance.

Frances Wright (1795-1852)

Frances Wright naît en Ecosse en 1795 dans une famille aisée inspirée par les idées des physiocrates et de la Révolution française. Elle n’a que 23 ans quand elle part pour la première fois, en 1818, aux États-Unis accompagnée d’une de ses sœurs. De ce voyage elle tirera l’ouvrage Voyage aux États-Unis d’Amérique ou observations sur la société, les mœurs, les usages et le gouvernement de ce pays mais également un roman épistolaire traduit dans plusieurs langues. Elle retournera aux États-Unis en 1824 en compagnie de La Fayette, dont elle est devenue la maitresse, et y fondera une communauté autonome et multiraciale dans le Tennessee. Connue pour ses engagements politiques proches des socialistes utopiques et du mouvement abolitionniste, Frances Wright meurt dans l’Ohio en 1852.

Isabella Lucy Bird (1831-1904)

Fille d’un pasteur anglican, Isabella Lucy Bird naît en 1831 en Angleterre. Son premier voyage, en 1854, la conduit aux États-Unis. S’ensuivront des périples au Canada, en Australie, aux îles Sandwich avant qu’elle ne découvre l’Asie en 1878, et tout particulièrement le Japon. Son premier voyage en Chine date de 1884. Son dernier, en 1897, lui inspirera son ouvrage The Yangtze valley and beyond. Elle ne retournera plus par la suite en Asie et elle meurt à Edimbourg en 1904. De tous ses périples elle a tiré des récits et des articles pour les journaux et magazines de l’époque. Sa renommée était telle qu’elle fut même reçue en audience par la reine Victoria. Auteur de nombreux récits de voyage et de croquis Isabella Bird est également photographe et sera élue membre de la Royal Photographic Society de Londres.

Dame Freya Madeline Stark (1893-1993)

Freya Stark naît à Paris en 1893 d’une mère italienne et d’un père anglais. Elle apprend l’arabe et le persan et embarque pour Beyrouth en 1927. C’est le début de multiples voyages en Orient (Irak, Iran, Arabie, Turquie, Afghanistan, etc.). De chacun de ses voyages elle tirera des récits détaillés qui lui vaudront, à diverses reprises, d’être distinguée par la Société royale de Géographie. C’est en 1935 que Freya Stark voyage dans le sud de l’Arabie, dans des zones où bien peu de voyageurs s’étaient aventurés. De ce périple, elle tirera trois ouvrages dont A winter in Arabia. Pour ces trois récits elle reçoit la « Founder’s Gold Medal » de la Société royale de Géographie. Freya Stark est également la première Occidentale à s’aventurer dans certaines zones reculées de Perse. Dans La vallée des assassins, elle relate ce voyage et fait référence à une secte chiite ismaélienne du XIe siècle, les Nizârites, en lutte contre le pouvoir sunnite à Bagdad. Cette secte qui recourait à l’assassinat politique et connue plus tard sous le nom d’ « Haschichins » ou « Assassins », donnera naissance à de multiples légendes. Durant la Seconde Guerre mondiale, Freya Stark rejoint le ministère de l’Information et participe à un réseau de propagande visant à convaincre les Arabes de soutenir les Alliés. Elle meurt en Vénétie, à Asolo, en 1993.

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  • Frances Wright. Portrait (gravure)

    Frances Wright (1795-1852)

    par John Chester Buttre, d’après J. Gorbitz (1881)

Ida Pfeiffer (1797-1858)

Ida Pfeiffer mène à Vienne une vie bourgeoise jusqu’à ses 49 ans quand elle décide d’embarquer, en 1846, à Hambourg pour un tour du monde. À son décès en 1858, elle aura effectué cinq voyages dont deux tours du monde (le premier par le Cap Horn et le second par le Cap de Bonne-Espérance) et parcouru, seule et avec des moyens financiers très limités, la Turquie, l’Islande, le Brésil, les îles des Moluques et des Célèbes, la Chine, Madagascar, etc. Avec une grande précision elle décrit tout aussi bien la vie quotidienne, les mœurs ou les costumes que la flore dont elle rapporte des spécimens au Musée d’Histoire naturelle de Vienne. Ida Pfeiffer est la première femme à être admise comme membre honoraire des Sociétés de Géographie de Berlin et de Paris.

Odette de Puigaudeau (1894-1991)

Née à Saint-Nazaire en 1894, Odette du Puigaudeau s’embarque en 1933 avec son amie Marion Sénones sur un langoustier à destination de la Mauritanie. Elle fera quatre voyages dans ce pays et lui consacrera huit ouvrages entre 1937 et 1962. Son premier voyage, en 1933-1934, est relaté dans Pieds nus à travers la Mauritanie. Le succès de ce séjour est tel qu’elle obtient des subventions des ministères de l’Éducation nationale, des Colonies et du Muséum national d’histoire naturelle. Après la Seconde Guerre mondiale, elle rejoint la cause anticolonialiste et s’installe en 1961 à Rabat où elle réalise des émissions pour la radio et devient cheffe du bureau de la Préhistoire au musée des Antiquités. Elle meurt au Maroc en 1991. Odette du Puigaudeau est également l’auteure d’un roman animalier et de films qu’elle a réalisés lors de ses périples.

Isabelle Massieu (1844-1932)

Isabelle Massieu a 48 ans quand elle entreprend son premier voyage qui la mène au Liban en 1892. Deux ans plus tard, elle se montre bien plus audacieuse quand elle part à la découverte de Ceylan, des Indes et du Cachemire. Première Française au Népal, elle est fascinée par l’Asie et y retourne à plusieurs reprises (Siam, Indochine, Japon, Chine, etc.), et n’hésite pas, à 64 ans, à repartir visiter les royaumes himalayens interdits aux Européens. Ferdinand Brunetière note dans la préface à son récit Comment j’ai parcouru l’Indochine : « Elle n’a pas inutilement parcouru l’Indo-Chine. Son livre n’est pas moins instructif qu’amusant, il donne à réfléchir ».