Né à Bruxelles, il est destiné très tôt à une carrière ecclésiastique et envoyé à Rome, en 1698, pour y suivre des études théologiques [1]. En 1702, il revient dans les Pays-Bas espagnols où il retrouve sa charge de prévôt du chapitre cathédral de Gand. De retour à Rome en 1711, il reçoit, l’année suivante, du pape Clément XI le titre de prélat domestique. Antijanséniste zélé, il devient ensuite archevêque de Malines (1716) puis cardinal et primat des Pays-Bas (1719) [2].

Enfermé en 1746, dans Bruxelles, assiégée par les Français, il porte secours aux plus démunis. Lorsque Louis XV fait son entrée dans la ville en vainqueur, il le reçoit à la porte de la cathédrale Sainte-Gudule et fait appel à sa miséricorde : « Sire, le Dieu des armées est aussi le père des miséricordes ; tandis que Votre Majesté lui rend des actions de grâces pour ses victoires, nous lui demandons de les faire heureusement cesser par une paix prompte et durable. Le sang de Jésus-Christ est le seul qui coule sur nos autels ; tout autre nous alarme : un prince de l’Eglise peut sans doute avouer cette crainte devant un rois très-chrétien. C’est dans ces sentiments que nous allons entonner le Te Deum que Votre Majesté nous ordonne de chanter » [3].

Il meurt le 6 janvier 1759 laissant trois neveux et une nièce. L’un d’eux, Charles-Joseph-Alexandre (comte de Beaumont et capitaine des gardes du comte d’Artois), est décapité en 1794 à Paris.

Le cardinal d’Alsace a fait rebâtir son palais archiépiscopal où il place, selon Christyn, « une bibliothèque qui est sans contredit la plus choisie des Pays-Bas » [4]. Il lègue ses livres au chapitre métropolitain de Malines. Ils sont enlevés en 1794, par les commissaires de la Convention nationale, et transportés en France, dans le dépôt littéraire des Cordeliers. En 1814, lorsqu'il s'agit de les restituer, on déclare à Pierre Lammens (plus tard bibliothécaire de l’université de Gand) qu'ils ont été dispersés et qu’il serait impossible de les retrouver [5].

La bibliothèque du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères détient trois ouvrages portant une marque de provenance du cardinal d’Alsace.

Bibliotheca orientalis clementino-vaticana... / Joseph Simonius Assemanus. Roma : Sacrae congregationis de propaganda fide, 1719. Bibliothèque, 27 G 10 ; inv. 231

• reliure aux armes (plats) et vignette armoriée
• pièce de cote : B.208 à B.211

Les voyages et observations du sieur de Laboullaye le Gouz, gentilhomme angevin / François de La Boullaye-le-Gouz. Paris : Gervais Clousier, 1653. Bibliothèque, 31 A 30 ; inv. : 770 (et 434)  [6]

• vignette armoriée

Histoire de l'église du Japon / Abbé de T. [Jean Crasset]. Paris : Estienne Michallet, 1689. Bibliothèque, 32 F 12 ; inv. : 787 (et 450)

• reliure aux armes (plats) et vignette armoriée
• pièce de cote : H.5(?)

Il est intéressant de noter que deux des trois livres sus-mentionnés font apparaître au dos une pièce de cuir portant une mention alpha-numérique ressemblant à une cote. Cette pièce est également présente sur le dos de six ouvrages.

Histoire du Roy Louis XIII / Charles Bernard. Paris : chez la veuve Nicolas de Sercy, 1646. Bibliothèque, 66 E 6 ; inv. 4032

• pièce de cote : J.346

Opera / Matthaeus Paris. Parisiis : Apud viduam Guillielmi Pele, 1654. Bibliothèque, 85 E 4 ; inv. 575

• pièce de cote : J.342 [7]
• ex-libris du séminaire de Malines (Mechelen)

Médailles du règne de Louis XV. s.l. : s.n., [1749]. Bibliothèque, 67 E 8 ; inv. 4395

• pièce de cote : J.477

Traittez concernant l'histoire de France... / Pierre Dupuy. Paris : chez la veuve Mathurin du Puis et Edme Martin, 1654. Bibliothèque, 63 Fz 3 ; inv. 662 (et 323) 

• pièce de cote : H.661

Histoire généralle des troubles de Hongrie et Transilvanie... / Martin Fumée (sieur de Genille). Paris : chez Robert Foüet, 1608. Bibliothèque, 9 Az 43 ; inv. 4215

• pièce de cote : J.828

Histoire universelle des guerres du Turc, depuis l'an 1565 iusques à la trefve, faicte en l'année 1606... / N. de Montreulx. Paris : Chez Robert Foüet, 1608. 2 vol. Bibliothèque, 9 Az 44 ; inv. 4215 

• pièce de cote : J.829 et J.830

La reliure des trois derniers livres cités est en tout point identique. Il est donc tout à fait probable qu’ils figuraient dans la même bibliothèque.

Si ces six ouvrages n’ont pas tous été en possession du cardinal d’Alsace, ils peuvent avoir appartenu à la bibliothèque du chapitre métropolitain de Malines. En tout état de cause, on peut considérer que l’origine géographique de ces neuf titres est commune. En effet, ils apparaissent sur une liste non datée [8] d’ouvrages prélevés dans le dépôt littéraire des Cordeliers au bénéfice du ministère des Relations extérieures avec comme mention marginale « Belgique ».