Vergennes, père et fils

Entre le 17 mars 1796 et le 1er juin 1797 [1], vingt et un titres sont prélevés au profit du ministère des Relations extérieures dans la bibliothèque de l’émigré Vergennes, entreposée dans le dépôt littéraire de la rue de Lille [2].


Selon toute vraisemblance, il est question de Constantin Gravier de Vergennes, fils aîné de l’ancien diplomate et secrétaire d’État aux Affaires étrangères Charles Gravier de Vergennes (1719-1787).


Constantin Gravier succède comme ministre plénipotentiaire auprès de Clément Wenceslas de Saxe, électeur de Trèves, à Éléonore-François Elie, comte de Moustier, rappelé le 5 septembre 1787. Il réside à Coblence qui devient de septembre 1791 à avril 1792 la capitale des émigrés. A la fin de l’année 1791, il est rappelé en France où l'on connaît son opinion farouchement royaliste qu'il ne dissimule pas. Par lettre du 22 décembre, il fait connaître à Claude Antoine Valdec de Lessart, son ministre, son refus de rentrer en France [3]. Comme son frère (Louis), il servira ensuite dans l'armée des Princes. Avec leur mère (Anne Duvivier), ils gageront pour 300 000 livres de diamants pour aider les comtes de Provence et d'Artois, frères de Louis XVI.


Le département de Paris constate leur émigration les 12 frimaire et 3 nivôse an II (2 et 23 décembre 1793) [4].

Sur les vingt et un ouvrages attribués, cinq titres sont destinés à la légation de France à Constantinople où l’illustre diplomate a été envoyé comme ambassadeur entre 1755 et 1768. Seize titres doivent rejoindre la bibliothèque du ministère des Relations extérieures.

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  • Portrait (huile)

    L’ambassadeur Charles Gravier de Vergennes en costume turc / Antoine Favray (1766)

    Musée Pera (Istanbul)

Pour les ouvrages destinés à enrichir la bibliothèque du ministère des Relations extérieures, la provenance de cinq d’entre eux peut donc être certifiée par une marque qu’ils portent encore. Onze autres titres ne font apparaître aucune marque de possession. Toutefois, cette absence ne permet pas d’exclure leur origine Vergennes.


Un dernier ouvrage parvient à la Bibliothèque à la demande de Vergennes alors qu’il est secrétaire d’État aux Affaires étrangères (1774-1787) :

  • Généalogie ascendante jusqu'au quatrième degré inclusivement, de tous les rois et princes de maisons souveraines de l'Europe actuellement vivans... Berlin : Frédéric Guillaume Birnstiel, 1768. Bibliothèque, 1 F 4

Il porte un ex-dono manuscrit inscrit sur une page de garde : « Envoyé le 22 août 1776 par M. Moreau de la part de Mgr le Cte de Vergennes ». Charles-Hubert Moreau (1732-1821) est employé au secrétariat d’État aux Affaires étrangères de 1757 à 1788. Il commence et achève sa carrière au dépôt des Archives. Entre 1774 et 1781, il est secrétaire de Vergennes.

Notes