Quand la commission des Archives diplomatiques réforme la Bibliothèque

Prise de conscience

En mai 1864, Jacques Edme Tétot, chef de bureau à la sous-direction des Archives, rédige une note sur le service du sous-directeur des Archives [1]. Il indique que la collection de livres a été constituée « sans discernement et sans choix ». Il reproche à un commis d’avoir à une certaine époque acheté « étourdiment une foule d’ouvrages » sans aucun rapport avec le service exclusif qu’une bibliothèque « strictement spéciale » doit rendre au Ministère. Il y a selon lui à la Bibliothèque « au moins 4 000 volumes inutiles » sur les 20 000 présents. Enfin, il ajoute : « Un jour viendra où il faudra que mon successeur fasse un rapport pour expulser ces volumes afin de se ménager de la place pour des ouvrages nécessaires » [2].

Salle de lecture de la Bibliothèque au Quai d’Orsay. Revue illustrée, no 194, 1er janvier 1894

L'heure des grandes décisions


Au terme du XIXe siècle, le temps de ces réformes est arrivé. Lors de sa séance du 7 mai 1890, la commission des Archives diplomatiques repose le principe d’une bibliothèque diplomatique « spéciale ». On constitue alors une sous-commission de réorganisation de la Bibliothèque composée de Marie-Ernest de Rozière, Georges Picot, Alphonse Chodron de Courcel, Albert Sorel et Léopold Delisle. On relève la nécessité de maintenir, « auprès de nos Archives diplomatiques, où nos négociations sont conservées depuis près de trois siècles […], dans le palais du Quai d’Orsay où se suit chaque jour l’œuvre […] de ceux qui parlent et écrivent au nom de la France […], une collection d’instruments de choix, offrant sur toutes les matières spéciales les documents les plus complets ».


La Bibliothèque ne doit surtout pas être « un amas de livres réunis par le hasard au cours des travaux et suivant les besoins variables de chaque jour » [3].

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Construire avec application et méthode


On échange des réflexions sur le plan d’une véritable bibliothèque diplomatique, dont les grandes divisions sont portées au nombre de quatre : législation ; géographie et voyages ; histoire ; documents diplomatiques (au sens de documents officiels) publiés par chaque gouvernement.


Il est décidé de soumettre les 27 000 volumes existants à un examen minutieux, de les classer en deux séries : les ouvrages utiles et les ouvrages à exclure. Léopold Delisle (historien, bibliothécaire et administrateur général de la Bibliothèque nationale de France) donne des conseils de méthode utiles pour cette opération.


Une note du Ministre doit prescrire aux postes à l’étranger de transmettre directement à la bibliothèque un exemplaire de tous les documents ayant un caractère diplomatique publiés par les gouvernements étrangers. Une circulaire est diffusée en ce sens en avril 1890 (annexe 1).


Aux séances des 12 et 17 juin 1890, un modèle de fiche est présenté à la réunion de la sous-commission. Il doit servir aux rédacteurs du catalogue sommaire. On décide également d’envelopper les brochures sur les questions diplomatiques dans du papier bleu, pour les désigner à l’attention des agents, les autres dans du papier blanc.


Le chef de la division des Archives, Julien Girard de Rialle (1841-1904), s’emploie également à combler les lacunes les plus évidentes que l’on a laissé se former dans la documentation historique après le départ de François Mignet en 1848.


On doit aux travaux de cette Commission d’être à l’origine de ce qu’est actuellement la Bibliothèque du Ministère (annexe 2).

Notes